Kizuna Sayoko | 18 ans | Suicidaire
Hétérosexuelle

Kokeshi. C'était ainsi qu'elle était surnommée. Les Kokeshis, ce sont des poupées japonaises, avec des cheveux noirs, et une coupe souvent au carré. Et Sayoko avait le malheur de physiquement ressembler à ces poupées. 

Au début, ce n'était qu'un surnom donné pour cette raison idiote. Ce n'était pas forcément méchant. Ce n'était pas forcément gentil non plus. D'aussi loin qu'elle pouvait s'en souvenir, Sayoko avait toujours été mise à l'écart, pour une raison ou pour une autre. Déjà avec ses parents. Son père n'était jamais à la maison, c'est pourquoi sa femme l'a quitté. Sayoko se mit à vivre seule avec sa mère très autoritaire, qui frappait sa fille lorsque celle-ci ne répondait pas correctement à une question, ou qu'elle ramenait de mauvaises notes. Parfois même sans raison. Juste pour s'énerver sur quelqu'un, et dégager sa colère. Sayoko était une petite fille à plaindre. Les parents des autres enfants ainsi que ces derniers ressentaient de la pitié envers cette fille malchanceuse.

Au collège, elle fut rapidement connue comme étant un porte-malheur. Quiconque s'approchait d'elle à moins de deux mètres, ou l'observait dans les yeux, se verrait être maudit ; maladies, pertes d'êtres chers, blessures. De nombreuses rumeurs idiotes étaient libérées, et Sayoko ne comprenait toujours pas pourquoi ces choses-là se produisaient autour d'elle. Pourtant, elle cherchait. Et elle en venait tout le temps à cette conclusion ; c'était comme ça, c'était son destin, et elle ne pouvait pas fuir la vie qui lui avait été attribué. A quoi bon tenter de la changer ? L'idée même de changer n'avait jamais traversé son esprit. Elle était prisonnière de cette vie, et c'était comme ça.

Au lycée, malgré les harcèlements et l'isolement, Sayoko tomba amoureuse d'un garçon de sa classe, un garçon charismatique qui avait tout pour plaire. Il s'appelait Ryan. Voulant lui transmettre ses sentiments, elle rédigea une lettre d'amour anonyme, qu'elle était prête à introduire dans son casier. Mais, manquant de confiance en elle, elle se résigna, et garda cette lettre dans son sac. Sac qui fut fouillé par les élèves de sa classe, et lettre qui fut trouvée et transmise au garçon concerné. Celui-ci avait lu la lettre à voix haute pour s'en moquer, et la déchirer à la fin, en ridiculisant un peu plus Sayoko, qui voyait sa vie défiler devant ses yeux.

Elle avait arrêté de venir au lycée un moment, avant d'y retourner sous les ordres de sa mère. Les harcèlements se firent plus nombreux, plus violents, et à un moment, lorsqu'elle n'en pouvait plus, elle décida d'arrêter, et d'aller à l'encontre de sa mère, qui décéda d'une crise cardiaque. Durant sa dernière année de lycée, elle ne mit plus les pieds à l'extérieur, pas même pour s'acheter de quoi manger. Elle se retrouvait maintenant seule. Encore plus seule qu'auparavant. Durant cette année sabbatique, Sayoko avait beaucoup surfer sur le net pour parler de ses problèmes et de son ressenti dans un blog. Les commentaires et les personnes qu'elle y rencontra lui donnèrent du courage, et Sayoko avait appris une chose importante ; il fallait qu'elle change. 

Après avoir pris des cours particuliers, et avoir passé ses examens à part, elle entra à l'université. Elle faisait de son mieux pour transmettre des bonnes ondes, avoir de l'assurance, être cool et sympa, afin qu'elle puisse être appréciée, et acceptée par les autres étudiants. Elle réussit à s'intégrer dès le début, mais lorsqu'elle tomba nez à nez avec Ryan, la lumière s'éteignit, et Sayoko plongea à nouveau dans de profondes ténèbres où la pression ne lui permettait plus d'atteindre le soleil. Il avait tout fait foirer. Il l'avait détaché des premières amies qu'elle s'était faite. 

«Dans un monde où je n'ai personne à aimer, et où personne ne m'accepte, je n'y ai pas ma place. A quoi bon la chercher ? Je suis une intruse. Je suis une erreur. Un défaut. Je suis juste une Kokeshi qu'ils peuvent secouer et jeter comme bon leur semble. 
Je ne suis rien dans ce monde. Alors peut-être que dans un autre.. peut-être que dans ma prochaine vie, je serais un oiseau libre, ou une belle fille populaire avec des parents et des amis aimants. 
Adieu, moi actuelle»

Partenaire : Thomas (Celestiina)